PAUL Gabriel

Gabriel "Gaby" Fernand Paul étudie à l’école primaire au Pilier-Rouge, avant de poursuivre à l’école primaire supérieure. Il débute dans la vie active comme docker au port de commerce, avant de travailler comme aide comptable chez un marchand de fruits et légumes. Après la réussite d’un examen, il entre à l’arsenal de Brest, comme ouvrier aux écritures. Il y adhère à la C.G.T en 1936 et devient un militant syndicaliste. En 1938, Gabriel Paul effectue son service militaire au 2ème Dépôt de Brest, ainsi qu’à Lorient pour un stage de mitrailleur contre l’aviation.

À la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé dans la Marine nationale au C.A.M.B.C de Brest. Avec son unité de Corps franc de la Marine, il est envoyé dans la région du Havre. Lors de la débâcle, il parvient à embarquer sur un navire qui gagne Cherbourg. Il est alors redirigé vers le fort de Querqueville. Devant le refus d’un officier de fournir à son groupe des armes en état de marche, Gabriel Paul décide de quitter la position et de se constituer prisonnier, le 22 juin 1940.

Interné au Fronstalag 131 de Saint-Lô dans la Manche durant six mois, le Brestois est ensuite transféré en Allemagne. Rendu à l’Armée française en Zone Libre le 29 juin 1941, il est affecté à la Base d’aéronautique navale d’Hyères (B.A.N) jusqu’au mois d’octobre 1941. Démobilisé, il peut regagner Brest où il reprend son poste à l’arsenal. Durant cette période, il est logé chez ses parents au 12 cité Kerigonan.

Avec des amis, ils échangent sur la situation du pays. Mais personne n’est décidé à agir. C’est par l’intermédiaire de son cousin Joseph Le Roux, qu’il est présenté à Yves Gourmelon et Jean-Pierre Reste.

Sa première tâche est modeste, il participe au collectage d’argent pour le Secours populaire clandestin, venant en aide aux familles des militants et résistants arrêtés ou fusillés.

En mars 1942, il donne son adhésion au Parti Communiste Français (P.C.F) clandestin par l’intermédiaire d’Yves Gourmelon. Il diffuse la propagande du parti et celle du Front National (F.N). Sans donner de précisions, il indique avoir participé à des sabotages à l’arsenal et dans les environs de Brest. Après avoir été membre de l’O.S Arsenal quelques temps, il bascule aux Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P) à leur instauration à Brest.

Au début d’octobre 1942, une vague d’arrestations ébranle fortement la Résistance communiste à Brest et en Bretagne de manière générale. Jean Pierre Reste, Gabriel Paul et Jacob Mendrès deviennent les nouveaux responsables du P.C.F à Brest. Toujours en octobre 1942, les autorités françaises organisent le départ d’ouvriers français (requis par conscription obligatoire) à destination d’usines allemandes. La direction du P.C.F organise le 23 octobre, jour du départ du convoi, une manifestation pour s’y opposer moralement.

Gaby Paul décrit l’état d’esprit de cette journée :

Mais c’est vrai qu’après les arrestations de cette période nous étions affaiblis, mais précisément pour montrer que le Parti étant quand même bien vivant, nous avons décidé d’organiser une manifestation. Des milliers de personnes se retrouvèrent aux alentours de la Porte Tourville, dans les rues longeant les remparts et lorsque le train - qui ne partait pas de la gare mais de l’arsenal, près de la Porte Tourville - s’ébranla, une puissante Marseillaise fusa, chantée par les manifestants et nos compagnons, déportés du travail. [1]

Gabriel Paul épouse Claudine Kermorgant, le 8 janvier 1943 à Brest. En avril ou mai 1943, il est chargé de réunir d’anciens syndicalistes de l’arsenal en vue de la reconstitution dans la clandestinité de la C.G.T dans cet établissement. La réunion se déroule au Plateau des Capucins et tous acceptent sauf un. Parmi les présents, il y a également Charles Berthelot mais ce dernier élude la question.

Son activité de mai 1943 à mai 1944 est mal définie. Il devient néanmoins le responsable Politique du P.C.F de l’agglomération brestoise. Car le partie, pour ne pas subir de nouvelles vagues d’arrestations, décide de cloisonner ses actions. Jean Pierre Reste prend la direction des opérations militaires et Jacob Mendrès celle des actions de masse (manifestations).

En décembre 1943, il a la douleur de perdre sa fille née le mois précédent.

Dans le collimateur des services de sécurité français, un mandat d’amené est émis à l’encontre de Gabriel Paul. La résistance communiste de Rennes l’apprend et par l’intermédiaire d’un cheminot, le fait prévenir. Devançant son arrestation, il cherche refuge chez des amis mais la peur est présente et il essuie plusieurs refus. Il finit par trouver un hébergement chez Arthur Hendrycks. Il y reste quelques jours avant de quitter Brest le 3 mai 1944. Gabriel Paul est muté dans le Morbihan où l’attendent des responsabilités à l’échelon départemental. Il effectue une tournée dans le département pour prendre contact avec différentes organisations syndicales, pour les coordonner en cas de débarquement. Il se rend à Lorient, Pontivy et Ploërmel.

À Brest, il est remplacé au triangle de direction par Henri Laurent (ou Laurent Henry ?).

Mais le 21 juin 1944, il est de retour dans le Finistère à Laz, où il est nommé responsable départemental à l’organisation des maquis pour le Finistère par Daniel Tréllu (1919-1998), chef Départemental des F.T.P. Pour l’occasion, il est bombardé Commandant, à titre provisoire. Gabriel Paul doit prendre un pseudonyme et dès lors se fait appeler Marcel. Il reprend également des responsabilités départementales au niveau du P.C.F.

Sa mission principale consiste à établir des liaisons régulières entre les différents maquis d’obédience F.T.P du département. À ceci va s’ajouter à partir de la mi juillet 1944, l’organisation de parachutages d’armes, grâce aux missions Mission Jedburgh. Il évolue en centre Finistère puis participe aux combats dans la région de Scaër.

À la Libération du département, il est nommé au Comité Départemental de la Libération du Finistère (C.D.L). Il devient également secrétaire régional du Parti communiste.

Après guerre, il reprend son poste à l’arsenal de Brest tout en menant une carrière politique, notamment comme député du Finistère de 1945 à 1958. En 1954, il divorce et se remarie à Paris avec Christiane Jacques. Il aura également un engagement politique local, d’abord comme conseiller municipal à Brest puis vice-président de la Communauté Urbaine de Brest (C.U.B).

En 1984, Gabriel Paul est nommé Chevalier de la Légion d’honneur.

La sépulture de Gabriel Paul se trouve dans le cimetière de Kerfautras à Brest [Puits de Dispersion]

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

Télécharger au format PDF

Portfolio

Congrès du P.C.F à Strasbourg en 1947
Source : Le Chiffon Rouge de Morlaix - Archives Pierre Le Rose
Fausse carte d’identité de Gabriel PAUL
Crédit photo : Famille de Gabriel Paul (2024)
Gabriel Paul lors d’un meeting politique (Août 1946)
Crédit photo : Famille Paul (2024)
Remise de la Légion d’honneur à Gaby Paul (12 octobre 1984)
Crédit photo : Famille Paul (2024)

Sources - Liens

  • PAUL Gabriel, témoignage filmé (2002).
  • Famille Paul-Huber, iconographie (2024).
  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (1E257) et liste électorale de 1939 (1K92).
  • Bibliothèque nationale de France, bibliothèque numérique Gallica, liste officielle (n°31) de prisonniers français, octobre 1940 (4-LH4-4448).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattant volontaire de la résistance de Gabriel Paul (1622 W 57).
  • Assemblée nationale, notice biographique du député Gabriel Paul.
  • Wikipédia, notice biographique de Gabriel Paul.
  • Le Maitron, notice biographique du militant Gabriel Paul.
  • KERBAUL Eugène, 1270 militants du Finistère (1918-1945), à compte d’auteur, Paris, 1985.
  • KERBAUL Eugène, Cahier de mise à jour - 1485 militants du Finistère (1918-1945), à compte d’auteur, Paris, 1986.
  • KERBAUL Eugène, Chronique d’une section communiste de province (Brest, janvier 1935 - janvier 1943), à compte d’auteur, Paris, 1992.
  • L’Humanité, Réactions au décès de Gabriel Paul, 2015.
  • Ouest-France, Gabriel Paul, le dernier député communiste de Brest, 2015.
  • Le Télégramme, Décès de Gaby Paul, ancien député, 2015.
  • Brest métropole, service des cimetières - sépulture de Gabriel Paul.

Remerciement à Françoise Omnes pour la relecture.

Notes

[1KERBAUL Eugène, Chronique d’une section communiste de province (Brest, janvier 1935 - janvier 1943), à compte d’auteur, Paris, 1992, page 268.