KERVELLA Anna

Anna Marie Piriou épouse Julien Kervella le 12 juillet 1924 à Saint-Marc. De cette union naît leur fille unique Yvonne le 5 octobre 1927. La famille réside au 105 rue de la Vierge à Brest. Anna n’a pas de profession.

En août 1943, Julien, rentré à Brest, entre en résistance active. Il est recruté par Georges Dauriac dans le groupe Action Directe, corps franc du mouvement de résistance Défense de la France. Julien recrute à son tour son cousin Gaston Viaron. Il enrôle également dans l’action clandestine sa femme Anna et sa fille Yvonne.

Anna met son logement à la disposition du groupe pour les réunions clandestines. Elle sert également d’agent de liaison et de distribution pour les faux papiers. En 1944, lors de l’organisation des Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I), elle confectionne des brassards en prévision de l’insurrection. Elle participe également à la diffusion du journal clandestin du mouvement.

En avril 1944, Georges Dauriac est blessé lors d’une opération pour la Résistance, il est hébergé et soigné lors de sa convalescence par Anna Kervella. Elle l’a logé dans l’appartement de la voisine qui s’est absentée quelques jours et a laissé les clés aux Kervella.

Dans la nuit du 24 au 25 mai 1944, après le couvre feu, à son domicile de la rue de la Vierge, Julien donne rendez-vous à son cousin, Gaston Viaron. Il y a urgence à trouver au blessé convalescent Georges Dauriac qui vient de se faire à nouveau opérer, un nouvel asile, si possible à la campagne. Après étude de leur plan, les deux hommes s’endorment mais vers deux heures du matin, on frappe le signal de reconnaissance à la porte du logement.

C’est moi Georges. J’ai besoin de te parler.

Réveillé par Anna et sans crainte particulière, Julien ouvre la porte au résistant Laurent Georges. Hélas ce dernier est accompagné par des agents allemands. Ceux-ci, après constatation que Julien Kervella n’est pas armé, bondissent dans la maison et arrêtent tout le monde. Julien, son épouse Anna et leur fille Yvonne (16 ans) ainsi que Gaston Viaron. Par miracle, les Allemands ne poussent pas la perquisition dans tout l’immeuble ce qui permet à Georges Dauriac d’échapper à l’arrestation. Il sera récupéré au petit matin par Lucas Gallic qui est parvenu à échanger avec Anna Kervella au commissariat de Saint-Martin. Interrogée à Bonne-Nouvelle par l’Aussenkommando du S.D de Brest, elle ne dit mot malgré les coups de pressions envers sa fille et son mari.

Le 27 juin 1944, tout un groupe de l’Action Directe prend d’assaut le commissariat de Saint-Martin pour libérer les résistantes internées (voir photo dans le portfolio), dont Anna et Yvonne Kervella. Voulant éviter les représailles, les femmes restent sur place, au grand désespoir de leurs compagnons.

Anna Kervella ignore tout du sort de son époux, elle est condamnée à la déportation. Leur fille est libérée le 3 juillet 1944, elle est prise en charge par la famille de Jean Riou. Transférée à Fresnes le 29 juin, elle est déportée en Allemagne à Rechlin puis à Ravensbrück près d’Hamburg. Elle y est alors employée à des travaux de terrassement. Libérée par la Croix-Rouge suédoise, elle est amenée en Suède avant son retour en France en juillet 1945. A son retour, elle apprend l’exécution de son époux le 10 juin 1944. Leur domicile fut également ravagé durant le siège de la ville en août et septembre 1944.

Pour son action dans la clandestinité, elle reçoit la médaille de la Résistance en 1946. Elle sera également élevée au grade d’Officier de la Légion d’honneur.

La sépulture d’Anna Kervella se trouve dans le cimetière de Saint-Marc à Brest [Carré 2, Rang 4, Tombe 4]

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Résistantes au commissariat de Saint-Martin (Brest)
De gauche à droite, rangée du haut : Marie-Anne Piriou, Anna Kervella, Marie Piriou, Mme Le Comte, Mme Le Rouge de Rusunan.
Rangée du bas : Yvonne Kervella, Yvette Lagadec, Cricri dite "Mitraillette", les sœurs Riou de Lesneven.
Chronique d’hier, Tome III, La vie du Finistère 1939-1945, par Roland Bohn & Joël Le Bras, éditions Union nationale des combattants, Section de Lesneven, 1995.
Résistantes au commissariat de Saint-Martin (Brest)
Crédits photos : Famille Le Douget, tous droits réservés.

Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil et fonds F.N.D.I.R.P (87S).
  • Ordre de la Libération, mémoire de proposition de décoration, aimablement transmis par Mathieu Blanchard (2023) et registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 13/10/1946).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier d’homologation des faits de résistance (GR 16 P 480085), aimablement transmis par Edi Sizun.
  • Archives départementales du Finistère, dossier de combattante volontaire de la Résistance (1622 W 11).
  • Fondation pour la mémoire de la Déportation, registre des déportés (I.264).
  • Brest métropole, service des cimetières, sépulture d’Anna Kervella.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.