DAURIAC Georges

Georges Jean Charles Dauriac est fils de gendarme, il réside dans son enfance à la caserne de Pontanézen. Il fait l’école des enfants de troupes. En 1938 il réussit l’examen d’entrée à l’Ecole Pratique d’Industrie et de Commerce. Il y obtient en mai 1941 un Certificat d’aptitude professionnelle (C.A.P) en menuiserie.

Au début de l’occupation, il s’adonne à la récupération d’armes anglaises abandonnées lors de la débâcle de juin 1940. Georges Dauriac se montre aussi espiègle envers les allemands, notamment en mettant du sable dans le réservoir d’un camion. Grâce à son ami René Le Grill, il récupère un plan des fortifications de la presqu’île de Kermovan, qu’il transmet à Pierre Jeanson du réseau Jade-Fitzeroy.

Toujours avec son ami René Le Grill, ils fondent un groupe qui se destine à l’action armée contre l’occupant. Parmi ses nombreuses recrues, citons le gendarme Sébastien Ségalen de Saint-Pierre-Quilbignon ou encore Yves Hall par l’intermédiaire de Paul Le Chapelain, recruté car il possède une voiture.

Georges rejoint le mouvement Défense de la France (D.F) grâce à Pierre Bernard. Il fait alors basculer tout son groupe dans cette organisation et jette ainsi les bases du groupe Action Directe dont il devient le chef. En mai 1943, il est blessé au cours d’une opération de la résistance et trouve refuge chez Marguerite Grigeol. Il est ensuite transféré dans la famille de Pierre Herpe. En juillet ou octobre 1943. il recrute Goulven Flamanc. Fin 1943, il organise deux vols de tickets de ravitaillement dans les mairies de Guilers le 20 novembre et Lesneven le 17 décembre avec l’aide de Jean Larvor et d’Yves Quéré.

Dans les environs de février 1944, Georges Dauriac et Marie-Anne Stéphan rencontrent Raymond Kerrien de Carantec. Ce dernier est introduit par Denise Le Page. Il vient à Brest pour chercher des fonds nécessaires au financement d’un départ en Angleterre depuis sa commune. Il repartira sans avoir obtenu satisfaction.

Les 7, 8 et 9 mars 1944, mission est confiée au corps-franc de se rendre dans la région d’Hanvec pour récupérer la part d’armes qui revient à Brest. Ces armes proviennent d’un largage aérien destiné à l’instruction de tous les maquis et corps-franc du Finistère. Deux tonnes d’armes sont acheminées à Brest, au domicile de Francis Beauvais. Pour l’occasion, Pierre Beaudoin a mis son camion à disposition et le gendarme Jean François Derrien a facilité le transport. Georges Dauriac et Yves Hall sont également présents pour ce convoyage.

Hélas, à leur retour sur Brest, des arrestations se produisent envers des membres du groupe Action Directe. Georges Dauriac fait alors disperser ses hommes. Il adresse Francis Beauvais, Claude Gandin, Guy Hennebaut et Jean Morvan à François Broc’h de Guissény pour que ce dernier leur procure de faux papiers et un refuge.

La livraison d’armes ne comprenant pas assez de notice d’utilisation pour la mitraillette Sten, il missionne Denise Le Page d’aller récupérer une machine à écrire Remington auprès de Marie-Anne Stéphan pour reproduire le document utilise à la formation des volontaires.

Le 24 avril 1944, Georges Dauriac, Yves Hily, Pierre Herpe et Georges Laurent filent en traction vers Ploudalmézeau pour un nouveau vol de tickets de ravitaillement. L’opération se déroule bien mais sur le trajet retour la voiture fait une sortie de route et termine sa course contre un pylône électrique. L’accident est grave, la voiture est détruite, Georges Dauriac a la mâchoire fracturée et le nez pulvérisé. Avec l’aide d’Yves Hily, ils prennent la fuite à pieds à travers champs. Ils trouvent refuge chez l’agriculteur François Le Gall de Kerscaven à Plouguin. On fait prévenir la résistance locale qui récupère les deux brestois et les fait transporter chez Joseph Mouden de Tréglonou.

Le docteur Phélippes de la Marnierre, lui aussi résistant du mouvement, fonce récupérer le blessé et parvient à le conduire à son cabinet de la rue Voltaire à Brest pour l’opérer. Alors qu’il n’est pas encore réveillé, le mutilé est transporté chez Marguerite Grigeol au 23 de la même rue, pour être caché car l’alerte a été donnée et les résistants sont désormais traqués par les allemands.

En convalescence, Georges Dauriac passe la direction du corps-franc à André Davaud. Désormais, la vie ne se résume qu’à du repos forcé et des transferts réguliers de cache en cache. Il est envoyé un temps à Ploudaniel chez Mr Pont à Lesgall mais son état de santé se dégrade, sa mâchoire suppure. Georges a besoin de soin urgent, il est alors placé dans un cercueil et amené à Brest pour que le Dr Pouliquen l’opère à nouveau. Ce convoi mortuaire peu banal passera 16 points de contrôle allemand sans éveiller le moindre soupçon.

Georges Dauriac est convoqué à Rennes par les hautes instances régionales du mouvement Défense de la France mais convalescent, il ne peut s’y rendre. C’est une chance pour lui car à Rennes, la réunion a fuité et tous les résistants seront arrêtés.

Il échappe à une nouvelle arrestation dans la nuit du 24 mai 1944 alors qu’il se trouve dans l’immeuble de Anna et Julien Kervella. Georges a été placé dans l’appartement de la voisine qui s’est absentée quelques jours et a laissé les clés aux Kervella. Dans la nuit, les agents allemands du S.D se présentent au domicile et arrêtent le couple et leur fille ainsi que Gaston Viaron qui dormait sur place.

Au petit matin du 25 avril, le gendarme Lucas Gallic fait une visite à Anna Kervella qui est retenue au poste de police. Elle lui fait savoir que Georges Dauriac est à l’étage. Le gendarme s’empresse d’aller le chercher pour le mettre en sécurité. Durant près d’une semaine, le fugitif en convalescence est hébergé dans la grenier de François Goasguen, au 51 rue de la Mairie à Brest.

Début août, les américains arrivent dans les environs de Brest, la ville se vide de ses habitants et par la force des choses, de ses résistants également. Georges Dauriac reste cependant sur place avec un petit groupe pour tenter de combattre.

Le 14 août 1944, alors que cela fait une semaine que l’état de siège est décrété en ville et que tous les habitants sont tenus d’évacuer instamment Brest, Georges Dauriac est repéré par des allemands. Pourchassé, il se réfugie chez le commissaire François Charroy, collaborateur notoire, qui lui évite cependant une arrestation, très probablement par opportunisme.

La suite du parcours de Georges Dauriac est méconnue. Il semble être parvenu à quitter la ville. Dans son journal, le F.F.I Guillaume Maudire évoque à la date du vendredi 15 septembre 1944, le recrutement du jeune résistant brestois au sein de la Compagnie F.F.I Brest-Ouest. Sans que l’on puisse en connaître l’origine, ce recrutement fait plutôt mauvaise impression au rédacteur qui accuse Georges Dauriac d’être le coupable de l’exécution d’Yves Hily et de Gastion Viaron. Nous ignorons la suite du parcours de Georges Dauriac à la Libération et après guerre.

Pour son action dans la résistance il reçoit les distinctions suivantes :
 Chevalier de la Légion d’Honneur (1949)
 Médaille de la Résistance, avec Rosette (1947)
 Croix de Guerre 1939-1945, avec palme
 Croix du Combattant Volontaire 1939-1945

La sépulture de Georges Dauriac se trouve dans le cimetière de Saint-Martin à Brest [Carré 14, Rang 6, Tombe 14]

Une rue de Brest porta son nom jusque en 2006 et suite à un changement, son nom fut de nouveau attribué à un rond-point. Giratoire qui hélas se trouvait sur le passage du tramway et qui fut supprimé en 2013 lors des travaux de la ligne.