HAGNÉRÉ Pierre

Pierre Joseph Francois Hagnéré travaille sous l’occupation à Brest comme monteur en chauffage central. De par son âge, il est requis dans le cadre du Service du Travail Obligatoire (S.T.O) en 1943 pour partir en Allemagne. Réfractaire à l’idée de servir l’ennemi, il se soustrait à cette obligation.

En février 1944, il intègre la formation de Résistance de Brest-Est. Ce groupement évolue rapidement en unités F.F.I au cours du premier semestre 1944. L’activité et le rôle de Pierre Hagnéré sont méconnus durant cette période. Courant juin 1944, une partie de l’organisation F.F.I de Brest-Est est menacée par les services de sécurité allemands. Des arrestations se sont produites et des résistants ont parlé sous la contrainte, livrant plusieurs identités ainsi que des informations compromettantes. Pierre Hagnéré fait partie des résistants désormais recherchés, il reçoit l’ordre d’évacuer sur le champ Brest avec plusieurs autres F.F.I menacés et de rejoindre la région de Lesneven pour se mettre au vert.

Avec l’aide d’Henriette Berder, le groupe de réfugiés brestois rejoint Saint-Méen entre le 20 et 21 juin 1944. Une partie s’installe dans le bois Morizur tandis que les autres sont amenés à la ferme de Kérougon de Louis Thépaut. Ce dernier a déjà hébergé madame Berder lors des arrestations au début du mois de juin. Les F.F.I de Brest s’installent dans une vieille grange désaffectée attenante au corps de ferme. Outre Pierre Hagnéré, ce groupe comprend Jean Berlivet, Louis Berthou, Jean Gouriou, Roger Henry, Jean Le Bris, Robert Le Page, Georges Midrouillet et Joseph Nicolas. Aux brestois, s’ajoutent rapidement François Kerbrat et Jean Lamandé. Ces réfugiés forment finalement un embryon de maquis et agissent au moins une fois, en sabotant la voie ferrée Landerneau-Lesneven à hauteur de la gare du Folgoët.

Le kommando de chasse allemand I.C 343 de Landerneau est mis sur la piste du maquis de Kérougon suite à un rendez-vous à Saint-Divy avec Jean-Marie Cavalloc, entrepreneur originaire de Sizun. Comment celui-ci a t-il obtenu l’information ? Cela reste un mystère mais les allemands décident en tout cas de mener l’enquête le 13 juillet 1944. Herbert Schaad, le sergent Friedrich Horch et le supplétif français Jean Corre se rendent dans les fermes des environs pour obtenir des précisions. La collecte est semble t-il suffisante pour qu’une fois rentrés à Landerneau, une expédition soit décidée pour le lendemain de bonne heure.

Le 14 juillet 1944 au petit matin, les allemands investissent les abords de la ferme qui sert de maquis. Il y a bien une sentinelle en arme mais celle-ci sommeille, elle est rapidement désarmée et faite prisonnière. L’alerte est cependant donnée rapidement et une fusillade éclate entre maquisards et allemands. Les trois supplétifs français présents ce jour là du côté allemand firent également le coup de feu.

Le combat se révèle cependant inégal, notamment à cause de grenades lancées dans la ferme. Seuls Pierre Hagnéré, Georges Midrouillet et Roger Henry parviennent à s’échapper à travers champs. Un quatrième malheureux parvenu à s’extraire de la ferme tente également de fuir mais il n’a pas fait vingt mètres qu’un tir le fauche mortellement.

Parmi les victimes tuées lors de l’attaque ou abattues sommairement sur place dans la foulée, figure Jean Berlivet et ses compagnons Louis Berthou, Jean Gouriou, François Kerbrat, Jean-Pierre Lamandé, Jean Le Bris, Robert Le Page et Joseph Nicolas. Le fermier hébergeur, Louis Thépaut, est abattu à quelques centaines de mètres de là par les allemands pour l’aide apportée aux maquisards. D’autres fermiers des environs sont faits prisonniers et envoyés à Landerneau et relâchés rapidement sans répercussion après interrogatoire.

Les trois seuls survivants rentrent à Brest et restent en relation. Ont-ils cependant cherché à prendre contact avec leurs anciens chefs brestois ? Ils quittent la ville lors du premier exode entre le 6 et 7 août 1944 et parviennent ensuite à rejoindre les rangs du Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau. Pierre Hagnéré, Georges Midrouillet, Roger Henry et d’autres brestois ayant rejoint le maquis forment le 4ème Groupe de combat de la 2ème Section de la 1ère Compagnie.

Composition de son groupe de combat :
 BORVON Jacques
 COSTARD Louis
 GOASDOUE René
 HAGNÉRÉ Pierre (chef de groupe)
 HENRY Roger (tué au combat le 28/08/1944)
 JESTIN Guy
 KERBÉRÉNES François
 KÉRÉBEL Henri
 LOZACH François
 MIDROUILLET Georges
 POULIQUEN Roger
 QUEMENEUR René
 QUINQUIS Guy
 THOMAS Alexis

Avec son groupe, il prend part aux opérations de Libération du canton de Ploudalmézeau puis à la réduction de la poche allemande du Conquet jusqu’au 10 septembre. Il reste sous les ordres des F.F.I pour le nettoyage des zones de combat jusqu’à la fin septembre 1944. Démobilisé à la dissolution du bataillon, il souscrit à Landerneau un engagement volontaire pour la durée de la guerre. En janvier 1945, Pierre Hagnéré est versé à l’Infanterie Coloniale jusqu’à la fin des hostilités.

Après guerre, il entre au Corps Urbain des Sapeurs-Pompiers de Brest. Son logement ayant été détruit durant le siège, il réside en baraque quelques années sur la Place de Bretagne à Lambézellec. Pour son action dans la clandestinité, il est cité à l’ordre du Régiment et nommé au grade de Sergent à titre fictif.

La sépulture de Pierre Hagnéré se trouve dans le cimetière de Lambézellec à Brest [Carré 19, Rang 8, Tombe 18]

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

1er Groupe de la 1ère Section de la 1ère Compagnie du Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau

Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, fonds Joël Le Bras, copies des dépositions d’Herbert Schaad, Jean Corre et Gabriel Poquet en septembre 1944 (153 S 12).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattant volontaire de la résistance de Pierre Hagnéré (1622 W 62).
  • Musée du Ponant de Saint-Renan, fonds Baptiste Faucher, documentation sur le Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau.
  • Brest métropole, service des cimetières - sépulture de Pierre Hagnéré.
  • BOHN Roland, Chronique d’hier -Tome 1 - La vie du Léon 1939-1945, édition à compte d’auteur, 1993.
  • ANDRÉ Jacques, Le Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau, édition à compte d’auteur, Brest, 2003.
  • LE BRAS Joël, textes L’affaire Jean-Pierre Lamandé, De l’affaire BDG à l’affaire du maquis de Kérougon et Résistance de Brest-Est (2007).

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.