BARDU Paul

Paul Anselme Bardu voit le jour à Recouvrance. Son père travaille au service des eaux de la mairie de Brest, puis comme chef de bureau de l’état civil à Recouvrance. La famille réside au 13 rue du Rempart à Recouvrance. À 24 ans, Paul Bardu épouse Louise Jourdan (1906-1996), le 18 mai 1929 à Recouvrance et de cette union naissent Paule (1932-2021) et Robert. La famille s’installe dans la maison voisine des parents de Paul Bardu, au 11 rue du Rempart. En mai 1939 il est agent technique à l’arsenal.

Le 24 mai 1940, durant l’offensive allemande en France, son frère Armand Bardu est tué lors de la perte du contre-torpilleur Chacal au large du Pas-de-Calais. Son corps est retrouvé et inhumé à Gris-Nez, sur la commune d’Audinghen (62). Sa dépouille sera rapatriée sur Brest en 1948 et inhumée dans le cimetière de Recouvrance.

En janvier 1942 il serait entré en résistance en transmettant des informations d’ordre militaire à un Service de Renseignements, dont ni l’identité ni l’origine sont connus à ce jour.

En mars 1943, alors qu’il est passé Ingénieur de 2ème classe dans le service des Constructions Navales de l’arsenal, il fonde un groupe de renseignement portant le nom de Groupe Chacal-Marine, vraisemblablement à la demande de l’agent Marcel Toully alias Chacal, du réseau Ronsard-Luth. Peu à peu le groupe s’étoffe au fil des mois et fin 1943 on compte près de 42 membres. Tous sont issus du personnel de l’arsenal, on y retrouve des ingénieurs, agents techniques et ouvriers répartis au quatre coins de Laninon et de la Penfeld. Paul Bardu sera épaulé dans la gestion du groupe par l’ingénieur du Génie Maritime Pierre Quéau.

L’objectif est de fournir de manière hebdomadaire tous les renseignements possibles sur les activités de la Kriegsmarine, la marine de guerre allemande. Ces renseignements seront d’abord communiqués au réseau Cohors Asturies en décembre 1943. Mais ce canal est vite coupé par l’arrestation du pharmacien Yves Allanic en février 1944. Le groupe donne aussi dans la propagande anti allemands et dans la protection d’ouvriers menacés de partir travailler en Allemagne, requis par l’occupant.

Cette arrestation ne compromet par l’intégrité du groupe Marine qui transmet alors ses renseignements au réseau Marathon du capitaine de corvette Jean Cloarec. Tout comme pour le précédent réseau, Marathon ne peut émettre seul, ils ne peuvent que remonter l’information à une centrale de diffusion, le destinataire étant le Bureau central de renseignements et d’action (B.C.R.A) de la France Libre. En mai 1944 le groupe va également offrir ses services au mouvement Vengeance du commissaire en chef de la Marine Raymond Deshaies.

Egalement en mai 1944, le groupe détecte que les allemands ont pris des dispositions en cas d’évacuation de la ville. Ces dispositions visent à détruire totalement les infrastructures portuaires ; minage des quais, des bassins, des engins et bâtiments. Le groupe Marine planche alors sur la question et prépare un contre plan visant à neutraliser les dispositions destructrices allemandes.

Mais le siège de la ville, le licenciement et l’évacuation hors de la ville de tout le personnel de l’arsenal, rendra caduque le projet des résistants. Les allemands mettront à exécution leur plan et détruiront une grande partie des infrastructures, les bombardements massifs du siège de Brest durant 42 jours finiront d’achever les restes.

Nous ignorons l’activité précise de Paul Bardu au moment du siège, ainsi qu’à la Libération.

Après guerre, il poursuit sa carrière d’ingénieur, notamment à Diego-Suares. Il est promu Ingénieur principal en 1951. Il terminera sa carrière comme Ingénieur en chef des Directions de Travaux à la D.C.A.N.

Pour son action dans la clandestinité et l’ensemble de sa carrière, il promu officier de la Légion d’honneur en 1963 et officier de l’étoile d’Anjouan. Il a reçu la médaille de la Résistance française en 1946 ainsi que la Croix du combattant volontaire pour la guerre 1939-1945.

La sépulture de Paul Bardu se trouve dans le cimetière de Recouvrance à Brest [Carré 12, Rang 8, Tombe 5]

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Carte d’identité de Paul BARDU (1944)
Crédit photo : Famille Bardu (2024)

Sources - Liens

  • Famille Bardu, iconographie et documents personnels (2024).
  • Archives municipales de Brest, registres d’état civil (5E111 et 6E136), recensement de 1936 (1F88) et liste électorale de 1939 (1K90).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier d’homologation des faits de résistance (GR 16 P 32979), aimablement transmis par Mathieu Blanchard (2023).
  • Ordre de la Libération, mémoire de proposition de décoration, aimablement transmis par Mathieu Blanchard (2023) et registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 17/05/1946).
  • Service historique de la Défense à Vincennes, dossier Compagnie F.F.I de fusiliers-marins de Brest (GR 16 P 108), aimablement transmis par Edi Sizun (2016).
  • Brest métropole, service des cimetières - sépulture de Paul Bardu.
  • LE BRAS Joël, Résistance et Marine dans le Finistère pendant la guerre 39/45, travaux personnels, janvier 2005.

Remerciement à François Omnes pour la relecture.