Attaque du maquis de Kérougon [80e]

Dimanche 14 juillet

Description

Kerougon, commune de Saint Méen, Finistère. 14 juillet 1944. Il est 6 heures du matin. Dans les bâtiments d’une ferme, onze jeunes résistants arrivés de Brest quelques semaines plus tôt, sommeillent. Deux d’entre eux font le guet. En ce petit matin, la guerre semble elle aussi assoupie. Mais ce calme est trompeur. Le jour est à peine levé lorsqu’un Kommando allemand composé d’une quarantaine d’hommes encercle le Maquis de Kerougon en silence. Les jeunes résistants ne possèdent que quelques armes et des grenades. Ils sont peu entraînés. Le Kommando lance l’assaut. Tandis que trois hommes parviennent à s’enfuir, leurs huit camarades sont abattus, au fur et à mesure qu’ils sortent de la maison et de la grange dans lesquels ils dormaient. L’attaque est fulgurante, le rapport de force est très inégal, les maquisards n’ont aucune chance.

Le Kommando étend ensuite son action aux hameaux environnants et terrorise les fermes voisines. Soupçonnés d’avoir aidé les résistants, plusieurs fermiers sont faits prisonniers, interrogés, frappés. Le propriétaire de la ferme des maquisards, Louis Thépaut, est également fait prisonnier et interrogé. Amené devant les huit cadavres encore chauds, il déclare aux Allemands qu’il est le seul responsable de l’accueil des résistants dans le village et que les autres n’ont rien à se reprocher. Sa ferme et sa maison sont incendiées, puis les prisonniers (les voisins et Louis Thépaut) sont emmenés vers les véhicules du Kommando dissimulés à quelques kilomètres de là, au lieu-dit le Lichen. Ils doivent être emmenés à la prison de Colleville, siège du Kommando basé à Landerneau. Louis Thépaut est retenu séparément en arrière du groupe. Il est emmené dans un champ et abattu d’une rafale de mitraillette.

Pendant ce temps, les voisins ont prévenu le Maire et les choses s’organisent bon an mal an pour transporter au bourg, sur une charrette, les cadavres mitraillés des huit jeunes gens, pour la plupart inconnus de la population locale, qui portent tous au front, comme leur hôte Louis Thépaut, la trace d’un coup de revolver à bout portant. Le coup de grâce. Les jeunes sont par la suite identifiés : il s’agit de Jean Berlivet, Louis Berthou, Jean Gouriou, Jean Le Bris, Robert Le Pape et Joseph Nicolas, jeunes Brestois arrivés de Brest autour du 20 juin, de François Kerbrat, jeune résistant arrivé de Landivisiau et de Jean Lamandé, originaire de St Méen. Leurs obsèques sont célébrées le lundi 17 juillet.

Les rescapés du massacre, Pierre Hagnéré, Roger Henry et Georges Midrouillet rejoignent les F.F.I et prennent part aux combats de la Libération. Roger Henry y trouvera la mort, quelques semaines après y avoir échappé à Kerougon. Une stèle portant les noms des 9 victimes est inaugurée à Kerougon, le 28 avril 1946.

Pour en savoir plus, découvrez le podtcast Kerougon 1944.

Présentation rédigée par Anna et Maëlle Quéré.